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LE CONJURADOR

(Extrait de la revue « Conflent » n° 168 (Novembre – Décembre 1990)

A Evol sur le large perron devant l’église, à gauche de l’escalier qui y accède, on peut voir deux larges arcades restaurées en 1950, que l’on considère comme faisant partie du conjurador, dont le toit s’appuyait sur les dites arcades d’une part, et sur le mur de l’église d’autre part, constituant ainsi une sorte de préau. L’abbé Llopet, dans son livre Olette, Evol, Les Garrotxes, présente cet emplacement comme étant celui d’où le prêtre exorcisait le mauvais temps.On peut supposer qu’il servait de lieu de réunion des paroissiens après la messe et peut-être aussi du conseil municipal, comme c’était le cas en certains lieux de Catalogne où le comunidor accueillait les édiles, lorsqu’il n’y avait pas de « casa del comù », c’est-à-dire de mairie. Le même abbé Llopet rapporte que la salle de réunion des conseillers avait été établie en 1791 dans la cuisine du presbytère, en murant tout simplement la porte de communication avec le reste de l’immeuble. Avant le choix de cette pièce il n’y avait sûrement pas de maison-commune à Evol.


LE RETABLE SAINT JEAN BAPTISTE (XVème siècle) : Trésor de l’église d’Evol

Le retable Saint-Jean Baptiste a été réalisé pour la chapelle du château de La Bastide, situé en aval d’Olette et dont les tours sont devenues, depuis 1963, les sentinelles de l’usine Comi-Fluor.Jean de So, Vicomte d’Evol fit édifier ledit château de La Bastide en 1340 et Guillaume de So, pour la chapelle de la nouvelle forteresse, fit donation d’un retable consacré à Saint-Jean Baptiste, et exécuté peu avant sa mort, vers 1425-1428.Déplacé dans l’église Saint-André d’Evol, il en est aujourd’hui l’œuvre principale et demeure une pièce maîtresse pour l’histoire de l’Art en Conflent et en Catalogne Nord. Il fut réalisé par le « Maître du Roussillon ». Le retable est structuré en triptyque et son architecture est rigoureuse. Il est composé d’un élément central, bordé de volets latéraux divisés en trois panneaux. Cet ensemble surmonte une prédelle où apparaissent 4 écussons. Le 1er et le 3ème portent les armes de la famille de So : « d’or à la bande de gueules », le 2ème les armes de Blanche d’Aragall, première femme de Guillaume de So : « de So parti d’or à un coq de sable, barbé et crêté de gueules », le 4ème, les armes d’Eléonore de Cà Garriga, seconde femme de Guillaume de So : « de So parti de gueules à un garric arraché d’or ». C’est donc ces considérations héraldiques qui ont permis de Professeur Durliat, d’attribuer à Guillaume de So la commande du retable.

LECTURE DU RETABLE :

Le panneau central consacré à la représentation de Saint-Jean Baptiste, désigne l’Agneau de Dieu, à ses pieds, un homme est à genoux, mais de taille réduite, ce qui laisse penser que le donateur lui-même tient à être pris en considération, en exigeant sa représentation à côté de lui.Jean Baptiste tient une lanterne, un phylactère où apparait écrit : ECCE AGNUS DEI, ECCE LUX VERA : ceci est l’Agneau de Dieu, ceci est la vraie lumière.Le volet de gauche : en respectant le sens de la lecture, de haut en bas, les scènes relatives de la vie de Saint-Jean Baptiste sont évoquées : la vision de Zacharie, la visitation, la naissance de Saint-Jean Baptiste, la décollation du Saint et la représentation de sa tête à Hérode.La prédelle se lit de gauche à droite et présente les scènes de la passion du Christ : la trahison de Juda, Jésus devant Pilate, la Crucifixion, la descente de croix et la mise au tombeau.Le bois est utilisé comme support et l’application de la peinture a été faite sur un enduit épais, constitué à base de blanc d’œuf et de colle. L’Architecture du retable est soulignée par un rapport de menuiseries qui contribue notamment au compartimentage des différents volets et panneaux. Chacun d’entre eux est isolé par un pinacle et chaque panneau est surmonté d’arcs dentelés et trilobés soutenus par des colonnettes torsadées. On remarque la référence à l’architecture monumentale gothique. Le retable présente une symétrie de part et d’autre du panneau central. Cette symétrie est tout à fait symbolique puisqu’elle s’établit le long d’un axe vertical ; cet axe est matérialisé par trois représentations : le Baptême du Christ, Saint-Jean Baptiste et la crucifixion du Christ.